Parce qu’il s’agit d’un voyage dans le temps rempli de souvenirs tous plus émouvants les uns que les autres, déguster un single malt d’un âge aussi vénérable, et c’est peut-être plus vrai encore pour un Islay, est toujours passionnant. Il est coutume de dire qu’avec le temps, les « vieux » Islay ont tendance à voir leur caractère tourbé et fumé s’émousser au profit des autres facettes de leur personnalité. Avec ses notes de tourbe et de fumée qui continuent d’asseoir leur suprématie sur une palette aromatique et gustative qui a gagné en onctuosité, tout en conservant beaucoup de fraîcheur, ce Caol Ila est l’exception qui confirme la règle. Magnifique d’intensité, les extraits secs du verre vide en sont une parfaite illustration.
Un voyage dans le temps, quelques centilitres qui durent plusieurs heures...
Expert
Agrumes
Terreux
Bacon
Fruits exotiques
Fumée
Fleurs
Nez
Fin, racé. Animal (cuir, bacon) et poudré (gingembre, riz), le premier nez nous montre Caol Ila sous un visage plus tourbé et plus torréfié (café) qu’à l’accoutumée. À l’aération, de la suie se dépose sur le palais tandis qu’une épaisse fumée crée un écran particulièrement opaque. D’un coup, le soleil fait son apparition, des citrons confits, des poires juteuses, des bouquets de fleurs capiteuses (pivoine, glaïeul), du miel d’acacia, des plantes aromatiques (verveine, sauge) ainsi que le souffle d’un vent marin viennent irriguer une palette aromatique dont la maturité n’a d’égal que la complexité.
Bouche
Riche, étoffée. Harmonieuse, l’attaque en bouche est à la fois tourbée, terreuse, fruitée, florale, herbacée, épicée, saline… en un mot, « complète ». Toutes ces tonalités rivalisent d’intensité. D’une très grande noblesse d’expression, le milieu de bouche est à la fois malté, épicé (safran), miellé (tilleul), infusé (camomille), finement chocolaté et réglissé. Très imagée, l’arrière-bouche nous transporte au beau milieu d’un champ d’orge fraîchement coupée éclairé par les derniers rayons du soleil.
Finale
Longue, soyeuse. En entame de finale, de savoureuses notes de citron vert, de flan à la vanille et de fruits exotiques (passion, goyave) donnent la réplique à des saveurs chocolatées, réglissées, terreuses et salines d’une grande beauté. Intensément fumée et légèrement camphrée, la rétro-olfaction est rayonnante de jeunesse d’esprit. Longtemps après, du verre vide s’échappent des blocs de tourbe sèche, des embruns ainsi que des grains d’orge maltés et fumés.
Origine et fabricationLa modernité au service de la qualité
C'est en 1846 qu'Hector Henderson décida de construire une petite distillerie dans une baie proche de Port Askaig. Il la nomma Caol Ila. En 1857, elle fut achetée par le blender Bulloch Lade, qui améliora le site en construisant une jetée. Elle fut absorbé par DCL (maintenant Diageo) en 1927 et fonctionna sans discontinu jusqu'en 1972, quand la vielle distillerie fut démolie et une nouvelle, plus grande, construite avec 6 alambics plutôt que 2. Cela transforma Caol Ila en plus gros producteur d'Islay. Quand vint le ralentissement des années 1960, elle commença à produire un ""Highland style"" non tourbé pour le blend. Non seulement elle en avait la capacité, mais cela permit aussi à la distillerie de rester ouverte. Le non tourbé est toujours produit chaque année, le volume dépendant des prévisions de Diageo.
Année de fondation
1846
Capacité de production
6 500 000
Nombre d'alambics
6
Fun fact
Caol Ila (prononcer coul ila) signifie détroit d'Islay en gaélique